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#16 Pourquoi faut-il s’aimer radicalement pour résister? Self-love radical : PARTIE II.

Hello les amis,

Voici la suite de nos réflexions sur les injonctions physiques et esthétiques qu’impose le système capitaliste-patriarcal-raciste-classiciste-*ajouter tout type de rapport de pouvoir injuste et destructeur* contre lequel nous luttons ardemment et joyeusement.

Petit résumé rapide de la partie I de ces réflexions (mais bon, pour toute la magie, faut aller le relire, blogpost #15). La semaine passée, je vous ai partagé mon vécu personnel quant aux défauts, complexes, commentaires sur mon poids, mes poils etc (eh oui, tout ça, faut croire que je me mets vraiment à nu pour vous lol). Ceci pas seulement pour vous déballerma vie, mais pour vous montrer que nous avons tous des vécus similaires quant à ces sujets et que ces vécus, sont des produits systémiques de la société dans laquelle nous vivons. Ce système ne répond qu’à une logique : la logique marchande. Afin d’assouvir son désir financier insatiable, il nous inculque des complexes et un mal-être constant avec nos corps afin de faire de nous des consommateurs parfaits de tous ses services et produits toujours plus nombreux et absurdes (vous les avez aussi vu ces bidules en plastique pour faire gonfler vos lèvres?!). C’est à coup de modèles de beautés inatteignables et uniques qu’il nous fait haïr nos corps.

Ceci a plusieurs effets dévastateurs : séparation de nos corps qui deviennent des objets sexualisés et soumis aux commentaires de tous, enfermement dans des petites bulles nombrilistes et individualistes où “devenir beau/belle” devient une obligation et un but à atteindre, perte d’argent en de temps utile et précieux, privation d’amour et de lien avec soi et les autres, compétition constante les uns avec les autres, violences, frustration, maladies mentales et troubles alimentaires, cat callings, agressions,....

Bref le tableau est bien sinistre, mais ne nous lamentons pas et passons aux solutions. Voici donc la suite du programme :

  • Introduction au concept du radical self-love comme solution à cette problématique et comme outil indispensable à notre résistance. Nous parlerons de deux tendances, à savoir le body positivity et le body neutrality. J’en profiterai également pour vous mettre en garde contre le pièges de cette solution, à savoir la double-oppression.

  • Quelques tips and tricks pour mettre tout cela en pratique et vous forger votre révolution et résistance propre.

  • Et enfin, bien sûr, car c’est pour ça que nous sommes là tout de même, nous relierons cette problématique aux merveilles de la couture en tant que mise en pratique de ce self-love radical.

Radical self-love, baby


Il n’y a, à ma connaissance, pas vraiment de définition précise du radical self-love, mais nous en faut-il vraiment? Il me semble que cela a tout de bon d’avoir quelques principes et contours, mais que chacun peut se l’approprier à sa manière. Nous pourrions décrire ce concept comme une forme d’ Amour qui vient défier un système sociétal maladif. Un Amour que nous pouvons construire pour nous et pour les autres. Un Amour qui naît à partir du moment où nous prenons conscience de la structure sociétale dans laquelle nous sommes tous pris et de la façon dont celui-ci filtre le regard que nous posons sur nos propres corps et ceux des autres. Le self-love radical, c'est se retirer ce filtre, autant que possible et apprendre à nous voir tels que nous sommes, imparfaits, avec nos atouts et nos défauts. C’est cesser de se juger au regard de critères impossibles et uniques de ce qui est censé être “beau” ou non. En gros, c’est s’aimer à la folie, inconditionnellement, pour se créer une armure et même une arme redoutable contre la violence et l'agression que ce système nous impose.

Ne soyons pas idéaliste, cependant, nous restons tous et toujours des animaux sociaux et des conceptions esthétiques feront toujours partie de nous et de nos sociétés et cela n’a, en soi, rien de mal. Ce sont les effets excessifs de cet aspect social de nos sociétés humaines qui sont à décrier. Le radical self-love cherche à les identifier, les débusquer et les déjouer. Il ne s’agit pas de plus parler de ce qui est beau ou non, mais il s’agit de rendre à chacun la liberté de définir ce que cela signifie pour soi, dans l’espoir que cela puisse s’appliquer à tout un chacun. La liberté d’aimer, de décorer, de prendre soin, d’éprouver et de chérir son corps tel qu’on l’entend. Et il s’agit alors aussi surtout de reprendre le pouvoir sur nos corps, qui ne nous appartiennent qu’à nous. Les aimer car nous sommes des miracles de la Nature et du Vivant, des organismes complexes, fruits de tant d’années d’évolution et capables de tant de choses. Ressentir la connexion entre nos esprits et nos corps qui portent nos réflexions, nos rêves, nos désirs, nos projets et qui sont les véhicules qui nous permettent d’exister, de vivre, de se connecter aux autres et d’agir sur le monde qui nous entoure.

Pour revenir à mon expérience personnelle, j’essaye tant bien que mal de mettre en pratique la philosophie que je me suis tissée : mon corps est une merveille, un réel cadeau qui m'a été offert. Je me sens redevable envers lui et envers la Vie et je veux donc l’aimer à fond les ballons pour tout ce qu’il me permet de faire et de vivre et je veux en prendre bien soin afin qu’il m’accompagne pour au moins encore 1000 ans dans cette vie merveilleuse (ma bucket liste requiert de vivre pendant encore au moins ça lol). J’ai, au long de mes réflexions et tentatives des années passées, pris conscience que, je me trouvais et me sentais d’autant mieux et plus jolie quand je m’aimais et soignais mon corps en mangeant bien, en dormant bien, en faisant du sport, en allant à l’aventure pour découvrir tout ce que mon corps arrivait à faire (je pense à l’été passé où j’ai grimpé des montagnes et porté un canoë ou ramé sur des looooooooongues distances, qu’est-ce que je me sentais forte, vivante et belle!). Quand je me masse, quand je fais du yoga, quand je me prépare des bons petits plats, quand j’écoute mon corps et satisfait ses besoins, quand je le sens vibrer en dansant, en chantant, en m’engageant, en faisant l’amour/des câlins/des caresses/des doudouces, en courant ce kilomètre de plus, qu’est-ce que je suis belle! En résumé je me suis dit, que tant que je suis en bonne santé, que je prends soin de moi, que je me sens bien, je suis belle et je me fous bien royalement du chiffre qui s’affiche sur la balance ou si j’ai des poils peu élégants là “où il ne faudrait pas”. Mais mon expérience n’en est qu’une parmis d’autres et d’ailleurs, je ne vous décris que ma philosophie idéale, qui dans la pratique ne va pas sans malbouffe ou autres saloperies (mais qu’est-ce qu’ils sont bons ces tacos! Et ce chocolat me va droit au coeur en petit moment de coup dur! Et qu’est-ce que c’est chouette de s’enivrer de temps en temps à l’alcool avec les copains!), j’imagine que tout est toujours dans… l’équilibre (grrrrrr toujours cette même conclusion…).

A chacun donc de trouver sa propre approche du radical self-love et je vous en propose deux ici : le body positivity et le body neutrality.


Body positivity et body neutrality


Le body positivity se résume en la phrase “Tu es beau/belle, peu importe quoi” et prône l’amour de son corps inconditionnel et perpétuel. Le body positivity invite à apprendre à aimer chaque partie de son corps, à apprécier chaque complexe, et à s’aimer complètement et entièrement.

J’ai toujours cru que ceci était le but ultime et comme je décrivais plus haut, je pense que mon expérience personnelle s’inscrit le plus souvent dans le body positivity. Cependant, au cours de longues conversations avec les femmes de ma vie (je ne citerai pas de noms, mais vous savez qui vous êtes <3), je me suis fait dire que cette “injonction à s’aimer complètement” pouvait parfois être dangereuse et pas à la portée de tous. Le self-love radical, même s’il invite à s’aimer très très fort, laisse aussi, effectivement, la liberté d’accepter que certaines parties de nos corps ne sont pas nos préférées et que, malgré le fait que nous les acceptions, on les aurait préférées un peu différentes. C’est là qu’entre en jeu le body neutrality.

Le body neutrality, lui, pourrait se résumer par “Ni haïr, ni aimer son corps, mais l’accepter et le respecter”. Il peut aussi s’avérer utile pour des personnes ayant eu de gros soucis ou traumas physiques et esthétiques, ou encore des personnes souffrant de handicaps, des victimes d'accidents, ou des personnes de la communauté LGBTQIA+, à qui se serait trop demandé, pour diverses raisons, d’aimer (certaines parties de) leur corps.

Le body neutrality met en exergue le fait que nos corps font partie de nous, mais que notre apparence ne définit pas notre bonheur et met l’accent sur le respect et l’acceptation de son corps.

Et au final, n’est-ce pas ça le bottom line? S’accepter et se respecter? Si cela peut tourner en un amour fulgurant et inspirant, d’autant mieux! Grande amoureuse de l’amour, aussi de l’amour de soi, j’y souscris haut et fort, mais si déjà nous arrivions à accepter nos corps et ceux des autres tels qu’ils sont, ne serait-ce pas déjà un pas énorme en avant? J’aime beaucoup cette idée de respect de nos merveilleux corps humain, car cela rejoint, par extension, l’idée du respect de tout le Vivant dont nous faisons partie. Nous nous devons de nous respecter, en tant que Miracle de la Vie, tout comme nous devons respecter toutes ces autres oeuvres d’arts : les fleurs dans la forêt, le puma en voie d’extinction, les oiseaux dans le ciel,...Cette idée est, à mes yeux, une valeur et prémisse nécessaire et essentielle à une Résistance utile pour une planète plus saine et un monde plus juste.


Gare à la double-oppression!


Maintenant que tout est clair sur le radical self-love et les différentes approches, il est important de comprendre que le self-love radical pousse surtout à être libre. Libre dans le sens, être maître de son amour de soi, délivré du joug des injonctions du système. Il revient à chacun de choisir une approche (body positivity ou body neutrality) ou de se laisser osciller entre les deux, ou d’en trouver une autre. On le répète encore une fois : les bases sont l’acceptation et le respect, le reste appartient à chacun. Il revient donc également à chacun toujours de s’épiler, d’aller chez le coiffeur tous les jours de semaine si il/elle le souhaite, d’aller à la salle, de se mettre des tas de pommades ou d’habitudes alimentaires,... tant que c’est dans cette démarche d’amour libérateur.

Il y a cependant un écueil à éviter : nous l’avons déjà mentionné ci-haut, nous restons des êtres sociaux, fruits des institutions qui forment notre monde. Il est extrêmement difficile de se séparer entièrement d’un système omniprésent qui pénètre chaque couche de notre vie de tous les jours. Et c’est là que s'invite parfois la double-oppression. Un exemple expliquera mieux de quoi il s’agit : quand je me suis mise à prendre conscience de tout cela et que j’ai voulu arrêter de m’épiler, je m’en suis énormément voulu dans les moment où je “craquais” et que je le faisais quand même. Je me répétais à quelle point j’étais hypocrite de condamner cette perte de temps, cette douleur, cette oppression d’un système que je n’ai jamais voulu m'imposer, tout en brandissant tout de même mon épilady car je voulais les jambes douces et lisses et que je supportais mal mon propre regard ou celui des autres. La double-oppression consiste donc à se reprocher de tout de même, parfois, se plier à ces injonctions dominantes et omniprésentes. C’est oké, c’est normal, ça arrive. Nous avons tous compris le but final et comme toujours, l'important c’est d’essayer, de discuter, d’échanger, de pousser les réflexions, de changer petit à petit, sans abandonner. Le self-love radical perdrait énormément en valeur s’il finirait par, contre-productivement, remplacer un type de frustration et de haine contre soi par une autre. Ne baissons pas les bras, soyons gentil.le.s, indulgent.e.s, patient.e.s avec nous-même et les autres. Bref, aimons-nous.


La mise en pratique : tips and tricks


Après toutes ces informations et blablatages théoriques, passons à la mise en pratique et surtout… au lien avec la couture (vous voyez? Je vous l’avais promis!). Voici quelques conseils que j’aime appliquer pour mettre cette self-love résistance en pratique :

  • Tentez de reconnaître le système dans les affiches, la télévision, les films, les magazines,... que vous voyez tous les jours afin de débusquer ses stratagèmes. Rappelez-vous que dans la majorité des cas, photoshop est passé par là.


  • Posez-vous devant votre miroir : quelles sont vos pensées? Qu’aimez-vous, que n’aimez-vous moins / pas? Pour les parties que vous n’aimez pas, d’où viennent ces pensées négatives? Serait-ce parce qu’elles divergenttrop de ce qu’on vous a enseigné être “beau/belle”? Serait-ce un commentaire qu’on vous a fait? Invitez-vous à faire le tour de la question afin d’identifier et ensuite…agir dessus!

En terme d’action concrète, le body neutrality propose une pratique très concrète et simple : pour chaque partie de votre corps qu’il est trop difficile d’aimer, se rappeler ce qu’elle fait pour vous et au moins lui être reconnaissante pour cela. Par exemple : mes bras sont peut-être ballants et pas aussi fermes que je les voudrais, mais ils me permettent de donner d’énooooooooorme câlins, mais grandes oreilles me permettent d’écouter de la musique, mon gros pif à sentir encore mieux les fleurs et l’odeur du café,...etc etc : que de l’amour!

Et pour ce qui s’avère moche et inutile à vos yeux : invitez l’humour! Mon cher frère n’a de cesse de me dire que ma moustache pousse bien et que bientôt je pourrais mettre des bigoudis et je ne peux que lui rendre un sourire. J’ai même pensé à lui donner un petit non…hmmmm… Rodrigue? Qu’en pensez-vous?

  • Permettez-vous de vous regarder et de regarder les autres avec des yeux neufs qui arrivent à éprouver des types de beautés différents. Autorisez-vous à remettre en question ce qui est automatiquement libellé comme “beau ou non”, car au final, rien n’est vraiment laid ou difforme ou encore raté, cela ne dépend que du point de vue que l’on adopte. C’est devenu un jeu pour moi de voir quelque chose, écouter la première pensée qui me vient, comprendre d'où elle sort et ensuite lui proposer une alternative.


  • Pratiquez le fait de vous faire moins de commentaires sur le physique quand vous vous voyez dans la glace, mais aussi quand vous voyez les autres. Oui, nous restons des êtres physiques et nous avons toujours un jugement, mais notre bien-être se mesure bien au-delà que seulement la mine que nous avons ou le poids que nous avons pris ou perdu. Recentrer nos commentaires et nos compliments un peu plus sur les aspects non-physiques permet de briser cette domination de l’esthétique et du superficiel et de renouer avec des choses plus essentielles. Le Coeur sur la Table propose même des pactes entre copines/copains ! Pourquoi pas?


  • Apprenez à écouter et comprendre votre corps et à répondre à ses besoins, à prendre soin de lui, à le faire kiffer et kiffer la vie avec lui. Pour ceci je cite l’épisode déjà mentionné de l’épisode 8 du coeur sur la table :

“...nos sensations corporelles comme notre boussole, manger parce que c’est bon, être massé, s’habille pour le confort dans de vêtements qui nous laissent enfin respirer, s’habiller pour la sensation des étoffes sur notre peau, la sensualité de la laine, de la couleur vive, des vêtements amples, se masturber, faire du sport pour éprouver ses muscles, se baigner au soleil pour le plaisir de sentir sa peau chauffer et pas parce qu’on veut bronzer, et puis danser, danser pour le plaisir du mouvement, danser sans imaginer de quoi on a l’air”


La mise en pratique : la couture comme micro-révolution


Et vient donc à présent le dernier point attendu : la couture! Le lien est tout simple : ce cher système de m**** (pas de grossièreté dans l’Atelier Résistance) met en pratique d’un tas de manières différentes ses injonctions physiques et esthétiques pour faire ressentir le mal-être dans nos corps. Un bon exemple sont les sièges adaptées seulement à des personnes minces dans les bus et… les vêtements! Souvent disponibles en certaines tailles et mesures, adaptés qu’à une gamme très réduite de corps! Une fois qu’on commence à voir ces petites choses, on se rend compte que c’est partout! Franchement, suis-je la seule à déjà avoir pensé qu’il faut avoir un sacré budget esthéticienne si on veut porter ces maillots ultra-échancrés en tranquillité….

Et c’est là que vous, chers coudpains et coudspines, faites déjà partie d’une révolution en marche. A l’aide de vos ciseaux, vos tissus et motifs préférés, vos mètres et épingles, votre patience et passion à toute épreuve vous donnez aux vêtements la fonction qu’ils sont censés avoir : vous habillez en tout confort et en toute beauté (que vous définissez) en s’adaptant à vous et non l’inverse. Dans mon humble opinion, rien de plus horrible que de devoir maigrir pour rentrer dans une robe ou passer la journée en inconfort juste parce que telle pièce nous va si bien…

Vos pièces et petites merveilles confectionnés avec tant d’attention et de soin sont de micros-actes de résistance et d’amour de soi véritable. Le Couture Club, souscrit avec un énorme plaisir aux valeurs du self-love radical et se fait l’honneur de donc vous proposer ses services divers et vous inviter à ses ateliers variés pour abattre, ensemble, ce système pourri et avancer vers plus d’Amour, envers soi, envers les autres, envers le bien-commun, que dis-je… envers la Terre (merci Ben Mazué).

Alors, ne perdons pas de temps, la Planète nous attend et nous sommes trop importants pour pleurer sur nos complexes et défauts inculqués par un système qui ne nous apporte rien de bien. Utilisons nos corps comme armure pour se protéger contre lui et comme outil pour y résister et le démanteler, pour tendre une main, pour s’engager. Mais surtout et à cette fin : aimons-nous, aimons-nous énormément, aimons-nous à la folie, aimons-nous…. à la révolution!

Joyeuse fête de l’amour à tous

PS : saviez-vous qu’en Finlande le 14 Février est dédié aux amitiés? N’oubliez pas qu’elles aussi sont nos plus belles histoires d’amour!

PPS : je ne peux m’empêcher de laisser avec ce joli quote de notre chère Mary Oliver (poétesse de Résistance, partie du Résistance Culture blogpost #10 et #11) qui arrive toujours à capturer l’essentiel en si peu de mots :


“Love yourself, then forget it.

Then, love the world”


Hasta la vista, les babes et bon dimanche!

<3


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