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#18 Pourriez-vous vivre dans un arbre pendant 2 ans? Crise existientielle et quête de sens. Partie I

Dernière mise à jour : 2 mars 2023

Chers coudspines et chers coudpains,


Cette semaine, c’est un petit peu un mix de tout ce que l’Atelier Résistance vous propose. J’allais vous rédiger un Couture Book Club sur le livre “de Sève et de Sang” de Julia “Butterfly” Hill que j’ai terminé il y a deux semaines, mais je me suis rendue compte que ce récit fabuleux était aussi une Histoire de Résistance des plus admirables, ainsi que le contenu parfait pour nourrir une réflexion sur un thème que je médite depuis un bon moment et que, je pense, nous avons tous en commun, j’ai nommé : la crise existentielle et la quête de sens. Aaaaaaaaaaah! Non, non, ne vous enfuyez-pas! Restez, ça va être bien, bien bien!


Au fond, n’avons-nous pas déjà tous ressenti cet énorme vide béant, tellement grand qu’on se sent comme une petite poussière virevoltant au gré des vents, tentant de se cramponner à quoi que ce soit (ou qui que ce soit) qui a l’air un peu vrai? Ou justement, cette sensation d’être une grosse pierre lourde, se faisant rouler en avant par une force qui n’est pas la nôtre et dans une direction sombre et floue, sans joie, déterminée, mais que l’on ne semble pas avoir choisi?


L’autre jour encore, je me promenais au soleil, je souriais à la chaleur qui se jouait de ma peau et de mon humeur, je souriais aux maisons colorées et au papillon que je venais de voir passer. Je révisais mentalement mes derniers pas de salsa que j’allais pratiquer au cours vers lequel je me dirigeais et je remerciais la vie d’être aussi belle et complète. Quand, brusquement, j’ai repensé au tremblement de terre récent en Turquie, à la déforestation actuelle d’une partie entière de la jungle à quelques centaines de kilomètres de mon chez-moi mexicain, au fait que chaque seconde un nombre innombrable d’espèces vivantes et de communautés perdent la vie au profit d’un système meurtrier dans lequel nous sommes tous pris. C’est à chaque fois comme un coup dans le bide : “Mais qu’est-ce que tu fous là? Qu’est-ce que tu fabriques à te balader plutôt que d’aller te rendre utile quelque part?”, “Vraiment, ta vie fait-elle sens ou est-ce que tu fais juste semblant?”, “Qu’as-tu fait jusqu’à présent pour suivre tes convictions et valeurs?”, “Ton bonheur est-il légitime? Ne profites-tu pas juste de tes privilèges et du système?”, “Prends-tu réellement ta responsabilité et rends-tu à la Planète ce que tu prétends devoir lui rendre?”. Bref toutes ces questions, que je suis certaine, vous vous êtes déjà toustes posées d’une manière ou d’une autre. Je le sais car je ne pourrais même pas compter le nombre de conversations que j’ai pu avoir avec mes proches, à contempler la vie, nos existences, notre utilité à la société, à mesurer la légitimité et l'adéquation de nos rêves et nos ambitions à la lumière du désastre de notre monde actuel. C’est angoissant, c’est lourd, c’est normal, c’est oké. C’est un sentiment universel et ça a au moins ça de rassurant.


Mais on ne va pas s’arrêter à ça! Maintenant que le décor est planté l’Atelier Résistance de cette semaine et la semaine prochaine (car on va à nous éviter de vous faire lire des bibles entières un dimanche soir) vous propose de chercher des réponses ensemble à ces Grands Questionnements Terrifiants à l’aide de Julia Butterfly Hill, et de Sébastien Bohler, auteur et docteur en neurosciences.


Ce dernier est apparu, de manière très casual, sur mon fil d’actualité Facebook dans une vidéo Brut (vous aussi vous êtes fan?), justement au moment où j’étais en questionnement intense et prête à déballer ma valise pour le Mexique (“Marie, qu’est-ce que tu vas bien pouvoir faire là-bas?! C’est pas en buvant de la téquila que tu vas sauver le monde tout de même!”). Ah, j’adore quand la vie met des petits indices et insuffle des petits éléments de réponses ou de compréhension, pas vous? Intriguée par le contenu, j’ai donc creusé un peu plus loin. Dans la vidéo et dans son livre “Où est le sens”, ce docteur en neurosciences nous permet de mieux comprendre ces états d’anxiété énormes que nous vivons tous. Il se trouve que dans notre cerveau, il y a un petit organe appelé le cortex cingulaire intérieur (mon manque total de biologie, m’a fait le googler et c’est fascinant!) qui nous sert à faire des prédictions sur notre futur, mais surtout qui est en constante recherche de sens et de cohérence. Bohler explique que quand cet organe ressent des contradictions, des dissonance cognitives entre nos valeurs, nos objectifs et nos actes (petites exemples exclusifs de mon propre cerveau, rien que pour vous : “wah, mais qu’est-ce que je fous là à lire ce texte trop nul de 200 pages pour mon examen, alors que la planète brûle et que je veux m’engager?” ou encore “Pourquoi suis-je en train de réciter par cœur une table de matière de droit constitutionnel alors que j'aimerais devenir chanteuse?”. Allez, c’est cadeau.), il déclenche ce profond sentiment d’anxiété, d’interrogation et de mal-être que nous avons déjà tous vécu, afin de nous faire corriger la situation.


Il explique que le danger de ce processus est de sombrer dans la dépression, la perte de motivation et de rester “bloqué” dans ce mal-être en prenant la fuite en cherchant du réconfort dans des “micro-certitudes” (des choses futiles sur lesquelles nous avons de l’emprise) tels que des séries télévisés, des soirées, des drogues, du sexe, de la consommation en tout genre,... bref tout ce qui nous fait sentir bien instantanément, mais sans réellement adresser le fond du problème. Ceci m’a énormément parlé car j'ai toujours cette crainte d’enfouir ce qui compte réellement derrière des préoccupations superflues et insignifiantes de tous les jours, qui termineront pas construire toute ma vie, sans que jamais j’accède à des réelles réponses ou à mon potentiel réel.


Un peu terrifiant, vous ne trouvez pas? Pourtant, je trouve ça rassurant de mieux comprendre ce phénomène et de savoir que nous sommes “biologiquement” conditionnés pour trouver du sens et trouver notre véritable soi et place dans le monde! Nos corps sont merveilleux, ne trouvez-vous pas?


Bon maintenant que nous avons compris un peu plus la science passons à notre chère Julia Butterfly Hill, une activiste environnementale états-unienne qui est connue pour avoir vécu, à l’âge de 23 ans, 738 jours dans un énorme séquoia de plus de 60 mètres en Californie, sans jamais mettre pied au sol. Ce tree-sitting, au départ prévu pour une courte durée, avait pour objectif de protester contre une coupe à blanc (= “ou une coupe rase, est une opération de sylviculture consistant en une déforestation suivie d'un défrichement total, avec dessouchage, pour rendre des terres utilisables en agriculture ou d'autres fins anthropiques”). de l’entreprise Pacific Lumber en Californie et est devenue un action de déobéissance civique historique. Le livre “De Sève et de Sang” paru aux éditions libres, est le produit de son journal de bord, rédigé du haut de sa plateforme et je ne peux que vous en recommander vivement la lecture.


Ce qui relie l’histoire de Julia à notre thème du jour, c’est qu'elle aussi, a démarré d’une grosse crise existentielle. Jusque là ayant, une vie assez simple et “classique”, elle poursuit des études et cumule les petits boulots par-ci par-là jusqu’au jour où elle est victime d’un grave accident de la route qui lui coûte presque la vie. Cette expérience la plonge dans de gros questionnements sur sa vie et c’est donc avec le cortex cingulaire intérieur bien à vif (merci Sébastien Bohler, on comprend mieux maintenant!) (vous voyez, on applique directement ce qu’on a appris ensemble!) qu’elle décide de prendre la route avec quelques copains pour ce qui aurait dû être un tour des Etats-Unis. Le chemin ne la mène pas bien loin, jusqu’à la Lost Coast et le parc national Californien Grizzly Creek. J’ai été particulièrement touchée par le passage relatant sa première rencontre avec les séquoias. (l’autrice a une plume merveilleuse pour décrire les miracles de la nature qui donne l'impression d’y être) et de sa prise de conscience :


“En traversant la route je sentis comme une force qui m'appelait. Une fois dans la forêt je me mis à marcher de plus en plus vite puis sentant monter en moi une énergie grisante je m'y lançais, je courais et sautais par-dessus les rondins à mesure que je me perdais au milieu des arbres au bout de quelques centaines de mètres je fus frappée par la beauté qui m'entourait; Je ralentis pour mieux observer. Plus j’avançais, plus les fougères étaient luxuriantes au point que 3 personnes se tenant par la main n'auraient pas suffi pour en faire le tour. Des lichens, des mousses et des champignons jaillissaient de partout à chaque croisement. De part et d'autre du sentier les champignons de toutes les formes et de toutes les tailles imaginables avaient éclos arborant les teintes vives de l'arc-en-ciel. Les arbres aussi étaient de plus en plus gros. à première vue on aurait dit qu'ils étaient normaux, mais en basculant ma tête le plus en arrière possible mon regard se porta très loin dans le ciel, je n'arrivais même pas à distinguer leur houppier. Hauts de plusieurs dizaines de mètres, ils dépassaient des immeubles de 15, 18 voire 20 étages. Les troncs étaient si gros que 10 personnes en cercle auraient à peine pu les éteindre. Certains arbres dont le tronc avaient été creusés par la foudre tenaient encore debout. Ces arbres ancestraux, ces vieux géants avaient connu le temps des dinosaures. Lovés dans le brouillard et l'humidité nécessaire à leurs croissances, ils restaient primitifs, éternels. À chacun de mes pas je m’enfonçais dans le riche humus consciente de fouler des milliers d'années d'histoire.

Plus je pénétrais dans la forêt, moins j'entendais les voitures et respirais les pots d'échappement. J’humais l'air pur et merveilleux, c'était doux sur ma langue. Tous mes sens étaient en émoi. Pour la première fois je me sentais vivante je sentais le lien qui unit tout être à sa propre vérité -pas celle qui nous est enseignée par des soi-disant scientifiques politiciens et autres- mais la vérité qui existe bel et bien au sein de la Création.

L'énergie que je recevais me submergeait d'émotions. Envoutée par l'esprit de la forêt je tombai à genoux et fondis en larmes. J'enfouis mes doigts dans l'humus qui exhalait une odeur si douce, si riche, si pleine de vie. Puis j’y plongeai le nez. Entourée de ces gigantesques colosses, je sentais que la pellicule qui recouvrait mes sens et qui résultait des déséquilibres de nos rythmes de vie effrénés, aliénés par la technologie était en train de fondre. Je sentais tout mon être revenir à la vie dans cette cathédrale grandiose. Je m'assis et pleurai longtemps. Puis mes larmes se changèrent en joie, la joie se mue en béatitude et je ris devant tant de beauté.

Deux semaines plus tard. Je découvris que si j'avais avancé un peu plus loin sur le sentier, j'aurais vu une coupe à blanc réalisée par Pacific Lumber et Maxxam. Les arbres qui avaient mis des milliers d'années à croître, avaient été tronçonnés en un claquement de doigts. Il subsistait moins de 3% de ces merveilles uniques au monde. Le reste ayant servi pour le bois d'œuvre ou la fabrication de meubles de jardin. Dans ce pays, des organisations luttent pour la préservation d'églises centenaires, mais peu militent pour sauver ces arbres millénaires de la cupidité de Pacific Lumber et Maxxam. Lorsque je sus ce qu'étaient les coupes à blanc, je me sentis comme ces forêts écorchées et violées, ces lieux antiques, majestueux, qui sont les plus sacrés des temples et qui a présent bien plus de spiritualité que n'importe quelle église était transformée en friche et en coulée de boue. Il fallait que je fasse quelque chose. J'ignorais quoi, mais je savais que je ne pouvais pas tourner le dos et m'en aller.

Quand je sorti de la forêt, j'étais une femme différente, j'avais senti comme un appel sans trop savoir s'il était réel ou non. Je décidais de retourner toute seule, cette fois sur la Lost Coast pour faire ce que l'on m'avait appris à faire : prier pour trouver ma voix. Je me rendis à l'endroit où j'avais ressenti une puissance magique lors de ma première visite. Je m'enfonçais jusqu'à un endroit incroyable, niché au milieu des arbres, là au coulait un ruisseau qui prenait sa source dans la King Range et se jetait dans l'océan. Je m'assis et me mis à prier. Quand je prie, je demande à trouver la voie pour devenir une bonne personne pour apprendre ce que je dois apprendre et pour que cela me grandisse. Je demande aussi à trouver la force de lâcher-prise, c'est ce qui est le plus difficile.

“Esprit universel, invoquai-je.Je voulais parcourir le monde, j'ai toujours eu envie de voyager. J'ai enfin l'occasion de le faire et j'ai soudain le sentiment que je n'ai pas le droit de partir. Je vous en prie, montrez-moi le chemin.”

Je crois aux vertus des prières, mais je pense que leur plus grand pouvoir réside dans la volonté d'en accepter les réponses.

“Si je suis vraiment vouée à revenir, me battre pour ces forêts, je vous en prie, aidez-moi à découvrir ce que je dois faire et guider mes pas.”

Je restais immobile un long moment. Puis je ressentis un apaisement total à l'idée d'abandonner mes projets de voyage au profit de ma nouvelle mission. Je me levais et fis quelques pas. C'est là que je tombais sur une pierre, c'était une améthyste, ma pierre porte-bonheur. Cela ne pouvait pas être une simple coïncidence. Il me semblait que les esprits approuvaient ma décision. Si j'avais su ce qu'ils m'attendaient, je ne suis pas certaine que j'aurais répondu aussi facilement à cet appel pressant.”


Vous aussi vous avez le cœur qui bat et un peu les larmes qui piquent? Spoiler alert pour la semaine prochaine, on découvrira ensemble, comment l’histoire de Julia peut nous offrir des réponses à ces Grands Questionnements, ainsi que les pistes de solutions que Bohler propose dans son livre.


Des énormes bisous et câlins,

<3


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